Je suis née le 09 janvier 1973 à Reutlingen, en Allemagne, proche de Tübingen, la ville où j’ai passé la majeure partie de mon enfance. Mon père, un homme très cultivé et assoiffé de savoir, dirigeait une entreprise d’informatique, mais il s’intéressait à maints autres domaines, notamment à l’Histoire – nourrissant ainsi ma passion naissante pour le Moyen Age… Ma mère, institutrice de formation, puis mère au foyer, avant de reprendre le travail en tant que professeur de musique, emplissait, quant à elle, mon enfance de chansons, de musique, d’histoires et de livres…
 
Aussi loin que me portent mes souvenirs, la musique – sans conteste mon premier amour – a toujours joué un rôle primordial dans ma vie. Mais j’ai dû attendre mes sept ans pour avoir, enfin, le droit d’apprendre le piano. La musique, depuis, ne m’a pas quittée et elle prenait une place particulièrement importante durant mon enfance. Quelques années après le piano, j’ai commencé en plus l’apprentissage de la clarinette pour pouvoir faire de la musique en orchestre. Adolescente, l’orgue se rajoutait encore, puis, durant mes études, des cours de chant. Ensembles de musique de chambre, chorales et orchestres, répétitions, auditions et concerts rythmaient ainsi ma vie jusqu’au moment du baccalauréat.
 
Pourtant, d’autres intérêts, d’autres passions se firent jour avec les années. Passionnée de lecture (et notamment de romans historiques…), le Français devint rapidement ma matière préférée à l’école, la France le pays de prédilection de mes vacances. Le Midi tout particulièrement exerçait une attirance sur moi – telle une personne dont on tombe éperdument amoureux… Les châteaux dits cathares, les grottes, Carcassonne, à plusieurs reprises, étaient au programme des vacances avec mes parents. Dès mes cinq ans, mes parents m’amenaient à des festivals folks en Allemagne où des chanteurs venus du Midi chantaient dans une langue autre que le Français… Trop petite, au début, pour comprendre ce qu’était la langue occitane ou les cathares, tous ces aspects de la civilisation et de l’Histoire méridionale me fascinaient néanmoins au plus haut point.
 
Avant même de passer mon baccalauréat, j’obtins mon premier diplôme dans la musique : après deux ans de préparation intense, je réussis en 1990 les examens pour devenir organiste. L’obtention du diplôme fut suivie d’un premier emploi d’organiste à Ammerbuch-Pfäffingen, proche de Tübingen, la ville où j’étais toujours scolarisée à cette époque – puis, plus tard, durant mes études à Freiburg-im-Breisgau, d’un deuxième poste à la Lutherkirche.

Ma scolarité (à l’école/collège/lycée Steiner, la « Freie Waldorfschule de Tübingen ») se termina deux ans plus tard (1992) avec le baccalauréat général (équivalent du bac S). Je m’inscrivis alors à l’université de Freiburg-en-Breisgau – à proximité déjà de la France – pour des études d’Histoire médiévale et de philologie romane. En dépit de ma passion pour la musique à laquelle je consacrais toujours beaucoup de temps, mon intérêt, plus récent, pour l’Histoire médiévale et mon amour de la France et de sa littérature, sa civilisation, avaient pesé plus lourd dans le choix de mon orientation. Puis, après deux ans passés également sur les bancs de la fac de musicologie, j’ai finalement opté pour des études de sciences auxiliaires de l’histoire (latin médiéval, paléographie et diplomatique médiévales, archivistique, muséologie) qui complétaient utilement l’Histoire médiévale. A la fin de l’année 1998, j’ai terminé ce premier volet de mes études avec le Magister Artium (bac+5, équivalent du DEA), diplôme obtenu en Histoire médiévale, sciences auxiliaires de l’histoire et philologie romane.
 
L’intérêt pour l’Histoire du Languedoc, avec les années, devint plus ciblé. Après une première dissertation, écrite sur proposition d’un de mes professeurs sur le thème des cathares et des troubadours, j’avais choisi les cathares comme sujet d‘examen en fin de premier cycle – ce sujet, on s’en doute, était peu habituel dans le cadre de l’université allemande. Peu habituel aussi le choix du sujet de mon mémoire de Magister : explorer les sources inquisitoriales et travailler sur les femmes nobles languedociennes. Pour ce faire, je m’installais une première fois pour six mois à Carcassonne. A la fin de ce séjour, j’ai dû rentrer en Allemagne pour passer mes examens. Mais il était d’ores et déjà évident pour moi que j’allais retourner dans le Midi dès que j’aurai mon diplôme en poche – et aussi que j’allais retravailler sur les sources inquisitoriales qui me passionnaient et qui me passionnent toujours.
 
Après une toute première participation à un colloque où je présentais les recherches de mon mémoire, on me suggérait alors de traduire mon mémoire et d’essayer de le faire publier en France. Sans toutefois vraiment être convaincue de mes capacités de rédaction en Français – une langue étrangère pour moi à cette époque – je me mis alors à la réécriture de mon mémoire – publié en 2001 sous le titre « Les belles hérétiques », aujourd’hui épuisé.
 
Toutefois, d’autres événements durant cette année 2001 ont bien plus bousculé mon existence : au tout début de cette année, j’ai perdu mon père, mort jeune et soudainement – et à la fin de l’année, mon premier enfant, ma fille Alinor, a vu le jour. Deux ans plus tard, mon premier fils, Martin, est venu au monde. Entre-temps, j’avais repris les études en France, mon doctorat en l’occurrence, à l’université de Poitiers, sous la direction du professeur Martin Aurell. Je m’intéressais toujours aux femmes nobles occitanes et je travaillais de nouveau (mais pas exclusivement) sur les sources inquisitoriales. Mais ma perspective, désormais, était plus large. Je cherchais à cerner la vie féminine bien au-delà du cadre de la vie religieuse cathare : position sociale, vie quotidienne, structures familiales, vie religieuse au sein du catholicisme etc.… Ma thèse, soutenue en 2005, a par la suite été publiée sous le titre « Femmes en Languedoc ». Puis, ma base de travail pour la thèse, l’étude de dix-sept familles de la noblesse languedocienne, a fait l’objet d’un prochain volume, « L’hérésie en héritage ». Le travail pour la thèse avait fait naître l’envie de me pencher sur la question du couple dans le Languedoc du XIIIe siècle, ou, plus précisément, d’explorer de nouveau les sources inquisitoriales afin d’en extraire tout (mais si peu, hélas) ce qu’on peut savoir sur les relations entre hommes et femmes, voire entre hommes et hommes… « L’amour, la sexualité et l’Inquisition » a ainsi fait l’objet de ma prochaine publication.
 
Or, depuis longtemps, bien longtemps, je nourrissais secrètement l’envie, voire le besoin de laisser libre cours à mon imagination, de donner chair et sang, plaisirs et souffrances, espoirs et déceptions, colère et résignation à ces personnes que j’avais tant fréquentées et qui, dans les livres d’Histoire, ne peuvent rester qu’ombres sans visage. Cette envie, avec les années, était devenue suffisamment importante pour qu’elle outrepasse mes doutes… « Le Miroir d’Aimengart », mon premier roman, fut publié en 2010. Un an plus tard, mon troisième enfant, mon fils Frédéric, est venu au monde.
 
Aujourd’hui, installée en région toulousaine, je suis professeure d'Allemand en collège et lycée, mais j'enseigne aussi le piano et la formation musicale en école de musique et mes projets littéraires en cours tiennent toujours une place primordiale dans ma vie…